Le bidonville de Bahaytoro
Pauvre petit blog que nous avons délaissé... A quoi sers-tu, hein, si ta page d'accueil ne change jamais? Honte à nous, qui vous faisons miroiter des tranches de vie sous les tropiques, et vous abandonnons en plein milieu de l'hiver...
Alors, voilà, quelques nouvelles pour nous faire pardonner, et redonner un peu de couleur à ce monde virtuel.
D'abord, rassurez-vous. Manille est toujours aussi polluée, moche, et puante. On ne va pas vous dire que, 8 mois après notre arrivée, nous avons appris à l'aimer, cette ville tentaculaire; ce serait mentir, et on n'aime pas mentir (enfin, pas trop). Mais enfin, on a découvert les coins sympas de Manille (si, si, il y en a) et ça on aime bien: le marché bio du dimanche; le Starbucks de Greenbelt; Bonifacio, ce petit coin de paradis civilisé, où on peut flâner au milieu des bouquins en buvant un café, manger des trucs sains, verts et improbables, et même, ô miracle, quelle joie, comble du bonheur: acheter des tissus, de vrais tissus, pas les immondes de Baclaran ou de Divisoria, des tissus magnifiques, qui vous amèneraient presque à envisager une reconversion dans la couture de haut niveau, ou je ne sais trop quoi encore, les costumes de théâtre, les petites mains de Jean-Paul Gaultier, tout ça... Oui c'est possible, et je suis bien heureuse de vous faire partager ma joie exaltée, c'est gentil de vous réjouir aussi, merci, merci mille fois. Vraiment.
Trêve de plaisanterie, tout cela est loin de vous délivrer votre dose d'exotisme promis au début... On en est bien conscient.
Alors voilà, parlons peu, et laissons la place à quelques photos. Si vous le voulez bien, on vous propose d'embarquer pour une visite de terrain, comme on dit dans le jargon des ONG, soit une journée dans un bidonville de Manille, à la rencontre de micro-entrepreneurs. Ca vous dit?
C’est à Bahaytoro que nous débarquons, au nord de Manille. Vu de haut, ça ressemble à ça :
A l’intérieur, vous traversez des ruelles étroites, passez sous des bâches fatiguées, croisez des enfants et leurs cerfs-volants improvisés à partir de sacs plastiques, un groupe d’hommes qui regarde du sport à la télé, une femme qui fait la vaisselle devant chez elle, et son voisin qui lave le linge à côté !
En photos, ça donne ça:
Côté boulot, il s'agit de rencontrer les "micro-entrepreneurs" (ou plutôt "entrepreneuses" du quartier).
La réunion se tient au-dessus d'une mini-entreprise qui fabrique des serpillères à partir de tissus récupérés par ci par là. C'est un joyeux bazar dans cette pièce que nous traversons, où s'amoncellent des milliers de bouts de tissus de toutes les couleurs!
Là haut, une quinzaine de femmes échangent sur leurs expériences, racontent leur histoire l'une après l'autre; mais avant toute chose, la doyenne de la pièce va nous lire un petit texte de l'Evangile: n'oublions pas que nous sommes aux Philippines, où toute réunion / meeting / anniversaire / fête en tout genre est précédée d'une prière et de l'hymne national!
Ensuite, chaque business woman en herbe veut nous faire découvrir son activité, et c'est ainsi que nous passons de la vente de chaussures au sari-sari (petite épicerie locale):
Un peu plus loin, des jeunes jouent au billard, et un bébé somnole dans un hamac tendu au milieu de la ruelle… Là vous ne les entendez pas, mais il y a du bruit, le drôle de café internet qui crache les bande son agressives des jeux vidéo, les gens s’interpellent, vous interpellent parce que vous êtes blanc, et c’est marrant un blanc ici ; des rires, de la vie, on passe un bon moment.
Jusqu’à ce qu’une jeune femme vous tende son bébé en vous demandant de l’emporter en Amérique, en rigolant, pour qu’il devienne riche. D’un coup, tout vous paraît plus compliqué… Mais ce n’est que l’espace d’un instant, d’une petite ruelle…
Allez, va, un ptit tour à Bonifacio, et ça repart !